Que l’on aime l’animation ou non, que l’on soit un enfant ou non, difficile d’avoir échapper au phénomène Frozen en 2013: que ce soit en VO ou en VF, Let it go/ Libérée,délivrée a clairement dépassé le simple cadre des amateurs des productions des studios Disney, et même si par hasard vous n’avez jamais vu le film (spoiler: vous devriez, il est chouette), vous connaissez forcément cette chanson qui a le don de rester dans le crâne.
Certainement un des plus grands succès de Disney depuis un paquet de temps, voire toutes époques confondues, Frozen est une cash-machine dont la suite, annoncée de longue date, était très attendue.
Quid de ce nouvel épisode ?

C’est maintenant l’automne sur le royaume d’Arendelle. Elsa, Anna, Kristoff, Sven et Olaf vivent des jours heureux. Olaf grandit et se pose des questions existentielles, Kristoff veut renforcer son engagement auprès d’Anna, qui elle souhaite que la situation entre les différents comparses dure éternellement. Elsa, quant à elle, reste un peu angoissée par sa vie royale. Elle angoisse d’autant plus qu’elle est la seule à entendre une voix, qui l’appelle, vers le Nord. Les souvenirs du passé et le déchaînement des éléments poussent notre petite troupe vers le Nord, dans la Forêt Interdite…
Rassurez-vous, je ne donnerai pas plus d’éléments de scénario. Notre fraternité de 5 membres (je n’utilise pas ce terme au hasard, vous verrez pourquoi plus bas, ou sur l’affiche ci-dessus) se lance donc dans une nouvelle aventure, car après le rite initiatique que représentait le premier Frozen (confronter sa différence aux autres), vient le temps de l’évolution, évolution qui sera différente pour chacun et chacune. Oui, bon, d’accord, Sven ne change pas trop.
Le film s’appuie sur les recettes qui ont fait le succès du premier: des chansons efficaces, un scénario convenu mais bienveillant (je ne pense franchement pas qu’un adulte ne voit pas les grosses ficelles du plot), de l’amour entre sœurs et de l’humour avec les comic relieves. Soyons honnêtes: si vous n’aimez pas les blagues du premier, les chansons du premier, ce film ne vous conviendra pas. On est en face d’un pur produit Disney (une comédie musicale en animation), et Frozen 2 le fait très bien. Les chansons fonctionnent, sont très sympas (notamment en VO), même si j’ai un peu eu l’impression que le film voulait un peu trop nous refaire le coup de Let it go. À noter que si certains comédiens de doublage s’en tirent très bien en chant (coucou Donald Reignoux, peut-être mon comédien de doublage français préféré), j’ai été moins impressionné par la performance de Charlotte Hervieux, qui remplace Anaïs Delva pour la voix française d’Elsa. Et je ne dis pas ça parce que j’ai eu l’occasion de voir Anaïs sur scène juste avant le succès de Frozen et qu’en plus, c’est la petite sœur d’un ami. Mais désolé Charlotte, je préfère la voix d’Anaïs, et c’est fort dommage qu’elle et Disney n’ait pas pu se mettre d’accord. Un drama sur ce sujet a eu lieu il y a quelques mois, mais même si la chanteuse se défend que Disney ait pris ombrage qu’elle ait parodié Elsa dans Aladd’2, on connaît suffisamment la firme de Mickey pour être capable de ce genre de choses. Bref, ce qui est fait est fait.
Pour conclure sur les chansons et les voix, je fais partie de ceux qui n’aiment pas qu’un acteur ou une actrice populaire viennent faire du doublage d’animation. Dany Boon rempile pour la voix d’Olaf, et autant sa prestation parlée reste de qualité, tout comme dans le premier film, autant sa chanson solo du film montre clairement les limites techniques de l’acteur/humoriste/fraudeur fiscal. Dernier détail qui parle forcément aux gens de ma génération: voir le nom de Claude Lombard au générique pour l’adaptation musicale française fait fortement plaisir.
Parlons un peu technique, car ça va aller vite: tout comme le premier film, Frozen II est une grosse baffe visuelle. Disney maîtrise la 3D, et même si je reste #team2D devant l’éternel, il faut reconnaître que ça claque grave. Après, tout comme Frozen qui commence à accuser son âge (je le revois suffisamment souvent via mon engeance), le film vieillira et aura cet aspect daté qui semble être le destin de tous les films d’animation 3D. En attendant, il met une grande claque à la production actuelle, et les bandes annonce pour The Addams Family ou Vic le Viking avant le film n’ont fait que confirmer ce sentiment.
En tant que grand amateur du Nord de l’Europe, j’ai trouvé la direction artistique très chouette. J’y ai retrouvé beaucoup l’influence de Tolkien (la fraternité donc disais-je, mais aussi un traitement de l’eau qui rappelle les films de Peter Jackson ou de certains personnages de la forêt qui m’ont évoqué Bilbo -le livre cette fois -), ou bien les mêmes influences que Tolkien, allez savoir.
Depuis tout à l’heure, je dresse un portrait assez élogieux du film. Pour autant, il faut reconnaître qu’il est loin d’être exempt de défaut:
- les clins d’oeil au premier film sont souvent trop appuyés, et donnent l’impression de dire « hey hey les fans regardez ! Ça vous rappelle quelque chose ? *clin d’oeil appuyé* ». On a tous le 1 en tête, on a aimé, c’est pour ça qu’on est là, on a compris;
- il y a quand même 8 chansons dans 1h41 de film. Alors certes, c’est du Disney, mais il y en a que les chansons gonflent. Pourquoi vont-ils voir du Disney en sachant cela, bonne question;
- le scénario est quand même très convenu, et il ne faut pas faire preuve de l’esprit de Sherlock Holmes pour deviner les tenants et les aboutissants, et je reconnais que la trame est très, très convenue, et la structure du film très classique. Pas comme si Disney nous avait habitué récemment à prendre des risques…
- les thèmes abordés sont très classiques, et il est difficile de ne pas y voir une évocation de l’invasion de l’Amérique par les Européens, entre autres choses;
- le manque d’intérêt de certains personnages. Les nouveaux personnages humains sont transparents, à tel point que je n’ai retenu aucun de leurs noms. Plus gênant, on a la sensation que les scénaristes n’ont pas su quoi faire de Kristoff. De type bourru qui s’ouvre dans le 1, il devient un canard sans esprit prêt à se mettre en 4 pour sauver les fesses d’Anna. Pour moi, la grande déception niveau personnage.
- si vous trouviez Olaf too much dans le 1, il va vous sortir par les trous de nez;
- « yo Dawg, I heard you liked reindeers, so I put them everywhere. »
- « coucou, je suis la bestiole mignonne que le secteur marketing a demandé et vous allez avoir des tas de produits dérivés ».
Après, à vous de voir à quel point ces défauts vous affectent. Personnellement, j’ai passé un excellent moment, je n’ai pas ressenti de longueurs, j’ai ri, j’ai pleuré. Le film a des qualités, différentes de celles du premier, mais des qualités réelles. On est loin des suites Disney sans saveur direct to vidéo. Marquera-t-il autant que le premier ? J’en doute, trop attendu. Est-ce un bon film de divertissement ? Assurément. Est-ce un grand film de cinéma d’animation ? Techniquement, oui, mais l’on reste dans un cadre très convenu, dont je doute que Disney parvienne à s’extraire un jour.
J’avais quand même très envie de revoir le film à la sortie de la salle (mais en VO, parce que je suis un intégriste), et c’est une bonne chose. Une bonne chose parce que la première chose que mes filles ont dit en sortant de la salle, c’est « on pourra l’acheter en DVD ? ». Autant vous dire qu’elles ont adoré, que je vais en manger du Frozen 2. Disney a réussi sa suite, la cash-machine est relancée.
En attendant Frozen 3 ? Possible…
Frozen II / La reine des neiges II est actuellement en salles depuis le 20 novembre 2019.
Les OST VO, VF (entre autres) sont disponibles sur Spotify (et sans doute les autres plateformes de streaming).

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